Ce cher Pierre
Vendredi soir dernier, sitôt arrivée dans mon Jardin Magique, je me hâtai de rendre visite à ce cher Pierre, qui y a élu domicile et y vit paisiblement de sa plume, entouré de ses filles...
Je n'avais pas eu le temps de prononcer une parole, que celui-ci l'air fort inquiet, me déclara tout de go :
Mignonne, allons voir si la rose...
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Devant tant d'agitation, je ne pus que l'accompagner dans une ronde frénétique où nous vérifiâmes une à une les roses du jardin, ...
Nous ne trouvâmes rien à redire :
Devant la finesse de la Guirlande d'Amour,
Ni devant l'éclatante complicité de ses deux grimpants fous d'amour s'entrelaçant,
encore moins devant la vigueur de ce joli rosier buisson,
ni la langueur de ces petites églantines jouant à cache-cache devant la fenêtre du pré,
ni devant la perfection du plus vieux rosier du jardin,
ni la tendresse de cette rose si rose,
Mais il était certain que cette douce et odorante rose de Damas montrait des signes de vieillissement...c'est donc avec beaucoup de fébrilité que Pierre rajouta...
Donc, si vous me croyez mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleure la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
C'est méditant cette parole sensée et le nez plongé dans l'odeur suave de cette rose éphémère, que j'embrassai Pierre et n'en fus me coucher...