la coloriste égarée !
C'est tel Picasso persuadé de la tonalité bleue de son arlequin ou Van Gogh ne doutant pas une seconde du jaune de ses tournesols que j'abordais sure de moi le rayon peinture du sous-sol d'un magasin de bricolage, place de Clichy à Paris...confiante en mon imagination qui me permettait de visualiser le mélange de gris perle, rose lumineux et blanc légèrement cassé qui habillerait désormais les murs de ma petite cuisine.
Mais je me suis vite confrontée aux appellations totalement incontrôlées appliquées aux couleurs des marques qui répondaient aux critères de ma bourse (brume cendrée ou pétale de gris ? tendre parchemin ou souffle de talc ? blanc falaise ou blanc de lune ?). J'ai intensément prié le dieu Ripolin et la Déesse Valentine de m'aider à trancher entre toutes ces nuances de rose, ébauches de gris et souffle de blanc, mais ils sont restés sourds à mes appels, me confirmant ainsi que mon athéisme chevillé au corps était parfaitement justifié.
C'est donc hagarde et défaite, en proie à la plus grande source d'incertitude, doutant de moi et du reste du monde (il faut dire qu'en ce moment, j'en doute souvent !) que je quittais le dit magasin deux heures plus tard, nantie de deux pots de peinture cendre et rose boule de gomme.
Mon Mari, toujours positif, me dit que mon choix ne pouvait être que bon, mon gout étant en général plutôt sur et mes choix aguerris. Toutefois, une fois le boule de gomme appliqué sur un mur et l'autre recouvert de cendre, nous avions un version pyrotechnique de Schiaparelli associée à Tapiès au mieux de sa forme !
Il me fallut donc nuancer, éclaircir, touiller, tester , retouiller, re nuenancer, etc. avant de trouver les teintes qui pourraient nous accompagner lors de nos futures activités culinaires...
Le blanc vint fort à propos adoucir et ponctuer tout cela.
Quelques étagères festonnées, des meubles détournés, repeints et patinés, quelques objets du passé installés, et c'est la campagne à Paris !
J'en suis finalement bien satisfaite. Et vous, qu'en pensez vous ?